Le kimono et son influence sur la mode japonaise moderne.

Lors du Tokyo Crazy kawaii, j'ai remarqué quelque chose de passionnant : bien que la convention soit basée sur la mode japonaise, personne ne portait de kimono. Malgré cela, il y avait plusieurs stands proposant kimonos et bijoux à motifs traditionnels. Le kimono à régné en maître au Japon pendant des milliers d'années, et est de nos jours encore porté occasionnellement par des jeunes fashionistas qui rendent hommage à leur pays tout en réinventant le vêtement traditionnel. Et après des années de suprématie vestimentaire, il a bien entendu marqué beaucoup des vêtements plus modernes et entre autre le lolita.
Alors, kimono, qui que doit donc où ?

Stand de kimono avec les deux vendeuses portant des couleurs et des motifs définitivement modernes

Furisode traditionnel sur le stand d'Aoi clothing

Babioles japonisantes sur le stand d'Aoi clothing

Obi (ceintures)

Sanagi atelier, la créatrice en tsukesage

Vêtements occidentaux recoupés à partir d'anciens kimono

Que peut on remarquer ici ? Visiblement le kimono en lui même n'est pas tant un objet de vente que de décoration du stand, il sert à attirer le client. Les principaux objets proposés sont des accessoires occidentaux japonisés, et non pas de véritables produits japonais. On retrouve le même fonctionnement à la Japan Expo, tout simplement parce que les petits objets se vendent plus vite et ne demandent pas au public une connaissance préalable des codes vestimentaires régissant ces objets pour pouvoir les acquérir et les porter. C'est assez symptomatique de ce que nous jeunes occidentaux percevons du Japon, et de la manière dont nous sommes perçus à notre tour par les marques nous présentant leurs produits. Ainsi, le kimono nous apparaît comme une forme figée, inaccessible car trop complexe et loin des codes des modes alternatives japonaises que nous connaissons bien. Et pourtant, c'est loin d'être le cas.

Le kimono peut-être un élément résolument moderne, porté dans les magazines ou dans la rue. Une fois cassés par le côté "alternatif" de la tenue, les codes sont abordables par nous ne serais-ce que visuellement. D'autant plus que le kimono à été modernisé avec une sensibilité assez occidentale comme dans le kimono-hime, le mori ou le visual kei en utilisant des motifs comme des crânes, des roses ou de la dentelle.

Donc le kimono lui même peut être modernisé, soit par le motif, soit par l'accessoirisation. Mais là vous vous dites "pourquoi qu'elle nous parle de kimono sur un blog de lolita, elle a perdu la boule, unfollow j'me casse !" Et bah non ! Au cours de mes  périgrinations kimonoesque (oui ce mot est atroce), j'ai fais des liens entre les kimono et la manière dont les japonais créent et portent leurs vêtements modernes, et donc aussi le lolita ! Voici donc quelques liens qui m'ont sauté aux yeux. C'est peut-être des bêtises mais qui sait ?

Petit rappel sous forme de diagramme pour les deux du fond qui ne suivent pas

1) Les robes lolitas qui ne se lavent pas.

Combien de fois avez vous vu "nettoyage à sec seulement" sur l'étiquette de vos robes, hein ? Les imprimés qui coulent, les couleurs qui s'abiment, le lolita et machines à laver font rarement bon. Figurez vous que les kimono non plus ne se lavent pas. Comme le lolita, le kimono se porte par strate, et seul le vêtement près du corps doit se laver. Si vous lavez un kimono en soie, il tombe littéralement en ruine et les délicates peintures à la main s'en iront à jamais.

2) La répartition des imprimés.

La mode occidentale n'aime pas tant que ça les imprimés, on prime plutôt sur un joli tissu simple avec beaucoup de détails ajoutés (dentelle, fonces). Mais les japonais eux adorent ça. Plus c'est gros, plus c'est formel, plus les couleurs sont vives, plus c'est festif. Les kimonos pour jeunes filles ont des petits motifs au niveau des épaules et sur le corps, plus on descend vers les pieds et plus le motif est gros. Le kimono le plus formel pour les femmes mariées comporte lui une énorme frise unique en bas, contrastant un kimono noir. Il n'y a pas de motif au niveau du ventre sur un kimono parce qu'il est couvert par la ceinture "obi". Chez les lolitas il n'y a pas de motifs au niveau de ventre, remplacé souvent par un noeud, des laçages ou des waist ties figurant du coup une ceinture.

3) L'expression par les chaussettes

Le kimono étant régi par des codes très fixes, l'expression de la créativité passait pour les citadines par les tabi, chaussettes normalement blanches qu'on peut retrouver avec de très nombreux motifs et qui sont un accessoire de mode, car contrairement aux chaussettes occidentales elles sont faites pour être montrées.

picture belongs to Cadney

4) Un headdress tu portera

Une tenue fémnine complète comportera absolument toujours un kanzashi, surtout si elle est formelle. Le kanzashi est une petite décoration capillaire (souvent une fleur en tissus) qui permettra de mettre l'accent sur le thème de la tenue, tout comme pour...le lolita !

Voilà donc pour aujourd'hui. J'espère que vous avez apprécié cette article. J'étais entrain de lire un livre sur le kimono quand certains trucs m'ont sauté aux yeux, et j'ai l'impression de mieux comprendre certaines mécaniques du styles grâce à cette petite comparaison. Il y a deux trois trucs à propos des quels je n'ai pas parlé, puisqu'on les retrouve aussi dans la mode occidentale (l'importance des saisons et des thèmes dans les imprimés entre autres).

A bientôt

Du néo-Classic lolita

Récemment, vous avez certainement pu remarquer que le Sweet OTT n'était plus si représenté que ça.  Toujours vivant dans les cœurs de la communauté, il a néanmoins été détrôné par le Classic et sa nouvelle variante OTT dans les conventions et autres photoshoot. Angelic Pretty, à la pointe de la mode, dirige ses nouvelles créations vers un style plus historique et moins colorés, avec une cadence de sortie d'imprimés enfantins de moins en moins soutenue. Mais qu'es-ce qui fait que le monde lolita accroche tant avec le Classic ? Le Classic lolita a-t-il changé ? Et si oui, es-ce en bien ou en mal ?

Le Classic lolita est LE style élégant par excellence. Coupes parfaites, qualité de tissus supérieure, il compense par sa qualité l'absence d'imprimés. D'un style plus enfantin comme celui d'Innocent World à un autre plus mature comme Victorian Maiden en passant par le côté princesse de Mary Magdalene, le Classic se veut précieux, et fait le moins pour le mieux. Longtemps négligé par les lolitas comme étant un style figé, vieillissant et ne laissant que peu de place à la coordination, il subit depuis quelques mois une réactualisation musclée. Malmené et mélangé vigoureusement avec d'autres j-fashion appartenant à la même esthétique que le lolita (Dolly, Mori, Otome, Shironuri dans le style de Minori), il se pare d'atours qui ne lui étaient pas familiers. Adieu collants texturés et bonjour collants imprimés. Quid de la robe uni et bienvenue imprimé clip-art exubérant. La marque Classic emblématique de cette tendance qu'est Juliette et Justine s'empare des thèmes récurrents du Gothic pour les ramener au Classic, tandis que la désormais incontournable Innocent World utilise des éléments traditionnels du Sweet dans ses créations.

Classic lolita avec une pointe de Sweet par Haenuli

Otome ou Lolita ? (robe du chaperon, Juliette et Justine)

Silhouette très typée Dolly kei lors d'un défilé lolita

Mais alors, que doit-on définir comme Classic lolita ? L'ancien Classic, sans imprimés ou presque, des jupes pas plus longues qu'à la moitié du mollet et pas plus courte que cinq centimètres au-dessus des genoux ? Ou le nouveau Classic, long ou court, imprimé ou non, totalement over-the-top. A mon avis, certains choses appartiennent plus au Dolly-kei qu'au "nouveau" Classic lolita, et il faut se rappeller que ce n'est pas parce qu'une marque lolita fait un vêtement qu'il est obligatoirement lolita. Mais il est également important que des styles moribonds soient repris, réinterprétés, modifiés : c'est ça la mode. Il y a beaucoup de choses que je n'aime pas, surtout en tant que Classic de la vieille école. Mais puisque l'engouement pour le néo-Classic permet aussi aux gens de découvrir la beauté des pièces traditionnelles, je ne me plains pas. Et même si les nouveaux genres brouillent un peu les pistes entre différents styles, le lolita n'en ressortira que plus fort et enrichit par tous ces apports d'autres modes.

Classic lolita assez traditionnel par Xylia

La même Xylia avec des collants à imprimés renforçant subtilement le style de sa tenue

Tokyo Crazy Kawai partie 4 : Concours lolita

La convention Tokyo Crazy Kawaii organisait un concours lolita le samedi. Il y a eu un certain nombre de participantes, toutes plus belles les unes que les autres, avec beaucoup de styles représentés. En plus des trois premières place il y avait le "prix spécial" qui, comme chacun pouvait s'en douter, donnait le droit de défiler pour Angelic Pretty le lendemain.

Le jury était composé à moitié de françaises (la Kawaii Leader Marie Zannou et la très stylée Mila) et de japonaises (la surprenante directrice d'Atelier Erai et l'artiste kawaii Kimura U).

Marie et Mila, présentatrices de choc à l'humour dévastateur.

Kimura U

Directrice d'Atelier Erai

Un ensemble de lolita très patientes.

Les participantes du concours devaient ensuite défiler une à une, puis le jury choisissait leurs 10 préférées pour un second tour.

Myriam (robe Chantilly, blouse Atelier Pierrot, bonnet Triple fortune), très élégante et l'aînée de ce concours

Rehem (Bonnet Chantilly, robe Mille fleurs si mes souvenirs sont exact, sac Baby)

Aliénor dans une tenue très inattendue (robe Aatp)

Une lolita italienne en full Bodyline

Marie, l'élégance incarnée dans une tenue gothic shiro (blouse MmM, jupe AP, voile/headdress handmade)

Diane (désolée pour la photo floue), très belle en Victorian Maiden 

Ribbon en AP avec un audacieux mélange de noire et rose

Louise en Btssb dans une tenue hime très douce

Une jeune fille en Moitié avec un côté assez old school que j'ai beaucoup apprécié

Une jolie Hime en Baby

Une jeune fille sur le thème des oiseaux avec une tenue intéressante, encore une fois un mélange audacieux de noir et de rose.

Sarah dans une tenue de sa propre marque Menthe chocolat

Une jeune fille qui ne portait pas à proprement parler du lolita, mais qui avait l'air fort sympathique

Magnifique tenue GL handmade

Babe Candy en country lolita (robe Bodyline, sac Baby)

L'élégante Fleur de pêché en steampunk lolita (robe Aatp)

Une adorable jeune fille aussi sur le thème de l'oiseau, dans un style plus classic 

Une jolie jeune fille en Bodyline

Sabi/ultra-violette dans une tenue Déco-loli très bien dosée

Taiseyou en Bodyline 

Lunie égale à elle même en full AP

Lili Moon avec une robe AP dans une tenue assez inventive

Mew sur un thème féérique dans une tenue handmade

Miyu dans une tenue country punk épique à souhait, en d'AP

Bloody, merveilleuse en tenue Hime inspirée de la reine de coeur, robe et socks AP

Emilie en Sugary Canival avec une tenue sweet bien équilibrée et élégante

Une belle jeune fille en Baby, avec une utilisation surprenant mais très réussie d'un imprimé sweet enfantin dans une tenue Hime

Une jolie tenue AP avec la Glass bottle of tears

Une mignonne lolita chinoise en AP

C'est l'heure de choisir les dix sélectionnées pour le second tour.

Bloody

Sabi

Louise

Sarah

Fleur de pêché

Nos finalistes

 Petites questions réponses à propos des tenues des candidates.

On annonce les gagnants !

Troisième place Louise

Deuxième place Bloody Queen

Première place Aliénor

Prix spécial Lunie

Nos deux gagnantes mitraillées par la foule

Voilà pour ce concours lolita qui s'est passé sans anicroche et sans trop de drama, ce qui m'a étonnée très positivement. Nous avons eu de très très belles participantes, créatives et connaissant le style. C'était une très belle expérience assez bon enfant qui à mon avis pourra être reconduite sans problème.